CSI.jpg UNE ANNONCE FROIDE ET DESINTERESSEE

Enfin, vient le temps de la décision. Et des adieux. Dans sa forme, le départ de Grissom est orchestré comme les différents évènements relatés dans cet article. Le mariage de la rigueur professionnelle stricte et d’un débordement sentimental brut. La situation initiale convoque de vieux souvenirs : la séquence de répartition des affaires. Depuis quelques années, les scénaristes avaient délaissé ce procédé pourtant significatif de l’univers du show. Comme une marque de fabrique que l’on abandonne par lassitude. Une fois les papiers distribués, Grissom annonce de but en blanc son départ à la retraite anticipé. Sans prendre de gants, sans débordement affectif. L’annonce la plus froide et désintéressée de la télévision.

Cette mise en scène correspond bien à la personnalité de Grissom et par extension, à celle de la série. Si l’on s’attarde quelques temps sur le visage des différents collègues, on enchaîne vite sur l’enquête du jour. Une nouvelle fois, les quelques sentiments personnels sont convoqués au second plan, seul l’aspect professionnel importe. Evidemment, l’épisode est ponctué de petites discussions/hommages à cet homme important. Lui, qui incarnait l’image de CSI, bien mieux que ces homologues des séries annexes. C’est une figure des années 2000 qui tire sa révérence. Après Vic McKay (autre genre de flic, aux antipodes), Gil Grissom disparaît des écrans.

L'EMOTION EST UNE ANOMALIE

Les dernières images de Grissom dans le Lab’ sont significatives et porteuses de la toute la mythologie du show. Démarche lente, comme au ralenti, comme une dernière visite. Un dernier regard à ses anciens collègues. Sa famille. Sans un mot, il s’éloigne seul. Personne ne l’arrêtera. Tout le monde est occupé à travailler. Seule Catherine lui jettera un dernier coup d’œil. Avec un seul sourire en guise d’adieu. La mise en scène donne l’aspect solennel indispensable. Sans sursignifier une symbolique déjà forte. Elle souligne le caractère immuable d’une dévotion professionnelle. Tous ces corps qui s’agitent, comme des fourmis au travail, n’existent que dans la pratique du labeur. Et lorsqu’un élément imminent s’en va, il n’y a pas de temps à lui consacrer. A défaut de la vie continue, on emploiera le travail continue .

L’épilogue constitue alors le dernier contrepied de la politique du show. Retrouvailles forte en émotion, digne des plus classiques mélos, dans la jungle argentine. Un pic émotionnel sans retenue. Un peu maladroit par défaut, car les auteurs/réalisateurs n’ont jamais eu à écrire/diriger de telles séquences. L’aventure Grissom s’achève sur le premier et véritable épanchement émotionnel. Comme pour signifier, qu’à présent, le personnage est changé dans sa nature, qu’il n’a plus sa place dans le show. Tout comme le départ de Sarah impliquait le même raisonnement. Dans CSI, l’émotion est inscrite comme une anomalie qu’il faut corriger.

CSI 2.0 ?

Après neuf années de bons et loyaux services, une page importante des CSI se tourne. Pour commencer un nouveau chapitre, les auteurs ont décidé de placer un nouveau personnage dans l’exercice de l’apprentissage. Une personnalité à la fois érudite et expérimentée, mais novice dans l’exercice du métier d’expert scientifique. Une façon de relancer le show avec une nouvelle configuration. Comme une évolution naturelle. Avec cette soudaine orientation, la série entre dans un nouveau schéma : celui de la série-monde, où une nouvelle génération succède à l’autre.