Damages.jpg Damages figurait parmi les excellentes surprises de la rentrée 2008. Ce thriller judiciaire à la narration protéiforme servit d’écrin pour la performance de Glenn Close en femme forte et avocate manipulatrice, un rôle sur mesure. Après son interprétation dans la saison 04 de The Shield, il faut croire que l’actrice a définitivement trouvé dans la télévision son nouveau terrain de prédilection à même de mettre à l’épreuve ses talents. Après une remarquable première saison qui bouclait les principaux arcs narratifs, on attend de pied ferme la suite, avec en point de mire, la chute annoncée de Patty Hewes.

Le flash-forward était un outil efficace dans la saison un. Un outil qui permettait à la série de se distinguer. Son utilisation entraînait quelques séquences convenues, sa photo relevait du gadget, mais quand les deux lignes du temps se rattrapaient, l’effet était saisissant. Un accessoire narratif qui pimentait une solide et rigoureuse première saison. Mais comme tout accessoire, il demeure dispensable.

Alors quand on est à nouveau cueilli par ce procédé, on ne peut s’empêcher d’éprouver un brin d’amertume. Où l’on transforme un outil en gimmick. En reproduisant ainsi le schéma de la première saison, les auteurs semblent vouloir nous dire que le flash-forward fait parti de l’identité du show. Comme 24, la série repose sur un procédé narratif avant son scénario ou ses personnages. Dommage de réduire Damages à cette distinction, quand la série a surtout démontré ses qualités sur son nébuleux script addictif et ses personnages principaux.

On pénètre donc dans cette seconde saison par ce monologue qui ne fonctionne pas à cause du besoin primaire de garder intact le suspense. La situation, par cet outil, est classique et entraîne les questions d’usage : A qui parle-t-elle ? Tue-t-elle vraiment ? Cependant, on est pris d’une sorte de malaise devant cette séquence embarrassante, où le trait, forcé, devient artificiel.

Ce 02x01 sert avant tout de transition. L’intrigue reprend peu de temps après l’issue de la précédente saison et il est surtout question de faire le point. Tout en ménageant les différents axes possibles à venir. Le trauma d’Ellen est traité un peu lourdement (mine résignée, séquences thérapeutiques trop nombreuses, pathos appuyé), la culpabilité de Patty fonctionne sur une jambe (la vision de Fisk est de trop, mais l’effondrement dans son bureau, du point de vue d’Ellen, est fort réussie ; le cauchemar, outil trop facile). Les deux femmes ont en commun une double apparence, que l’on cache aux autres et presque autant à soi-même. Où comment les signes extérieures de réussites s’affichent en public quand on dissimule la sombre vengeance ou la culpabilité dévorante.

Ces deux émotions ont déjà été largement traitées dans le monde des séries comme celui du cinéma. Ces derniers temps, on a plus souvent eu droit à quelques relectures périmées du genre, avec effets sursignifiés. On verra comment les scénaristes vont traiter cet élément important de l’histoire, pour ne pas dire essentiel, dans la continuité la plus parfaite de la première saison. Si le gimmick du flash-forward signifie une volonté de reproduction, l’évolution des personnages sera le facteur décisionnaire sur la réelle compétence des auteurs dans l’optique de créer une œuvre totale, et non deux saisons qui tentent de s’imbriquer artificiellement.