heroes.jpg La nature du temps est une donnée malléable dans Heroes. La série a souvent eu recours aux sauts temporels et s’est toujours amusée à explorer passé comme futur pour mieux révéler les enjeux d’un présent en danger. Dans une morne saison trois aux allures de mauvaise saga familiale, la perspective de révéler un certains passé ne provoque guère l’émoi.

One year earlier. Base temporelle de l’épisode. Peu de temps avant le début de la série. Et exposition du syndrome du complexe du scénariste. Ses envies de grand ordonnateur. Sa volonté démiurgique de maîtriser le récit dans ses moindres arcanes. D’être capable de tisser des liens, comme autant de fils tendus dans le loft d’Isaak. De révéler jusqu’à l’excès, les différents évènements qui ont précédé le pilot. Comment les personnages sont ce qu’ils sont. Et ce qu’ils furent.

Projetons nous aussi dans le passé pour quelques secondes. Heroes, première saison, véritable buzz publique et critique. Tout le monde en parle : Save the cheerleader, save the world. Réplique au culte immédiat, brillant aux côtés de I’ll be back ou May the force be with you. Seconde saison, les grandes attentes. Et catastrophe, la série est conspuée un peu partout, la grève des scénaristes ampute le show et Tim Krig fait des excuses publiques. Troisième saison, les grandes promesses. Mais les audiences sont en baisse perpétuelle et les critiques (justifiées) guères tendres.

Volonté de revenir trois pas en arrière, histoire d’œuvrer dans ce que l’on parvenait encore à maîtriser et qui remportait du succès ?

A vouloir ainsi revisiter constamment le passé proche et expliciter tous les mouvements des personnages, les auteurs étouffent la mythologie de leur show. Ils placent les différents protagonistes comme autant de pions sur un grand échiquier, et imposent des corrélations accessoires. A-t-on vraiment besoins ou envie de tout savoir ? De remuer le passé de certains personnages dans le seul but d’admirer l’esbroufe des scénaristes, qui ont tout planifié ? Dans le contexte de cette saison, seule la « non-mort » d’Arthur Petrelli avait de l’importance et de l’intérêt. Mettre en lumière les circonstances qui ont poussé à sa disparition. Le reste est de la poudre aux yeux jetés à des spectateurs qui n’ont pas besoins de savoir comment les auteurs sont capables de jongler dans le passé, mais plus soucieux de savoir comment ils vont rendre le présent plus intéressant.

Une seule et notable exception : les séquences entre Hiro et sa mère. Peut-être les plus belles de la série depuis ses débuts. Un moment dépouillé de tout enjeu. Sans aucun intérêt dans la trame de l’histoire. Mais devient par la grâce d’un moment éphémère, une beauté immédiate, que seule le cinéma est capable de générer.

Un épisode d’auteurs comme acte masturbatoire ou en manque de performances d’équilibristes. Un condensé d’épate gratuite et d’auto-complaisance.