Lucarne

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2009 fév. 20

Dexter 03x10 : Go your own way

Dexter Les dernières images de cet épisode mettent en lumière un défaut latent de cette troisième saison. Le bloc n’est pas aussi compact que les années précédentes. Ces deux saisons démontraient une rigueur incroyable, construites autour d’une thématique définie. Elles s’orchestraient en crescendo. Montée proportionnelle dans l’emphase qui culminait dans un final opératique. Or, cette présente année, le rythme et l’évolution se font plus hésitants. La vision d’ensemble peine à se définir. Et le suspense est délaissé pour une variation autour de la chronique, dans des enchaînements plus évasifs et moins subtils. Et dans la conclusion de cet épisode, cet effet s’exprime par la soudaine relation entre King et Prado.

Les première et seconde saisons exprimaient ses révélations avec le souci d’une logique interne, comprise à posteriori. Et l’on observait converger en un seul point, divers élément développés en amont. Ce soudain plan de Prado débarque sans réelle pertinence. Il témoigne d’une facilité scénaristique pour résoudre les deux points centraux de cette saison en une seule prise. Cause d’un développement distinct et sans relation définie des deux intrigues. Leur autonomie rompait l’habitude narratrice et expliquait ce rythme différé (éléments distinctifs soulevés plus haut). Un peu boiteux dans la démarche, mais révélateur d’une série arrivée à ce stade de réussite : elle peut se permettre de prendre une année entière pour développer sa figure centrale, délaissant les schémas qui ont fait sa renommée. Dexter n’affronte plus un autre serial killer – son frère dans la première saison, lui-même dans la seconde – et cette récupération, arrivée presqu’au terme de l’intrigue, sonne comme un coup opportuniste.

Il semblerait que les auteurs aient du mal à concilier le thème central de cette saison (l’héritage) aux autres personnages impliqués. Si Miguel Prado est un formidable adversaire, digne de Dexter, il fallait trouver une solution pour impliquer les personnages secondaires. Si le point initial, la mort du petit frère Prado orchestrait une nouvelle chasse à l’homme, les scénaristes ont choisi de réorienter le récit convenant à l’évolution logique de sa figure centrale et éviter les redites. Seulement le virage laisse l’entourage de Dexter sur la touche. Vient ainsi se greffer l’intrigue autour du skinner. Ces deux éléments sont trop distinctifs dans leur évolution respective pour se dresser naturellement dans le tableau final.

A l’image d’un Miguel Prado désespéré, les auteurs semblent jouer leur vatout. Et répondent aux sirènes si tentantes du sensationnalisme. Si le résultat à venir promet d’être excitant, on peut se demander s’il n’y avait pas un coup plus intéressant à jouer. Et pour une fois, laisser s’organiser deux beaux finals distincts, à l’image de cette saison.

2009 fév. 10

Dexter 03x04 : All in the family

Dexter Dexter. Animal. Et bientôt « bras de dieu ». L’orientation choisie par les scénaristes pour la relation entre Dexter et Prado abolit tous les doutes soulevés. Se dessine le dessein du procureur, nouvel ami et père de substitution. La morale dans Dexter a toujours tenu une place centrale. Qu’elle s’exprime par les actes de son personnage principal. Ou par ce fameux code. Instrumentalisation d’une pathologie au service d’un vaste projet de vigilante. Dans la seconde saison, ce code paternel fut entaché par une poignée de souvenirs et autres révélations déductives. On voyait également comment il pouvait être détourné, adapté à de nouvelles situations. Aujourd’hui ce code prend une tournure protéiforme. Trouvant une justification a posteriori (choix un peu facile des scénaristes), qui consiste à chercher l’origine de l’exécution après cette dernière. Et dans l’acte préventif dans le but de protéger sa descendance (ou assimilée). Chez Dexter, la relation entre son cerveau reptilien et le néocortex possède un caractère bien particulier. Sans que l’on sache qui commande l’autre. Entre rationalisation des pulsions et instincts primaires réflexifs. Sa place en chef de meute lui ordonne une nouvelle posture de protecteur (chose esquissé dans la première saison autour de l’ex mari de Rita). Et avec la paternité prochaine, s’annonce les questions d’héritage. Héritage pathologique contre enseignement « théorique ».